Jeff Carrel
Chardonnay
75 cl – 14,5 % Vol.
Vous surprendrez votre beau-frère si vous lui dites avoir goûté tous les vins que fait Jeff Carrel sauf son Morillon. Ça ferait le même effet que si vous prétendiez avoir tous les albums et cd de Neil Young sauf Harvest, ou avoir vu tous les matches de l’équipe de France de foot sauf celui qu’elle a joué le 12 juillet 1998. Car le Morillon est LE vin par lequel, probablement, Jeff Carrel (vigneron, œnologue et winemaker) s’est fait connaître. Voici un joli chardonnay botrytisé (le botrytis est ce champignon qui donne la pourriture noble avec quoi se fait, par exemple, le Sauternes : il intervient sur des raisins surmûris.) On a donc le profil d’un vin moelleux ? Et bien non : le sorcier Carrel a décidé de vinifier ces raisins en sec. Robe de fête pour ce Morillon (ancien nom du Chardonnay) qui prend des éclats dorés et grosse gourmandise en bouche. Le sucre est ici un peu comme Godot dans la pièce de Beckett : absent, on le guette sur le bout de la langue, sur le fond du palais. Le jus a gardé la mémoire de ce sucre disparu et boire du Morillon c’est boire un vin sec qui a gardé en lui le moelleux que le botrytis lui promettait. Le gras du jus porte des notes de poires et d’ananas qui débouchent sur une touche beurrée caractéristique du chardo… Un tel vin peut accompagner pas mal de plats de la charcuterie au fromage, des tartes salées à la volaille. Un vin qui devrait inspirer des accords inattendus… À vos toques.